Moo Deng, the hippopotamus star of social networks

‍

Si vous avez surfé sur Internet ces derniers jours, impossible que vous soyez passé à côté d’une photo ou d’une vidéo d'un hippopotame miniature galopant dans les flaques d'eau d'un zoo thaïlandais. Son nom est Moo Deng et à à peine deux mois, elle s'est bâtie une solide réputation auprès de fans du monde entier.

L'hippopotame Moo Deng va t-elle détroner Grumpy Cat dans le coeur des internautes ?

« Je suis obsédé par Moo Deng. J'ai pensé à cette reine toute la journée », a déclaré un utilisateur sur X. Un autre a déclaré : « Je ne sais rien d’autre qui se passe dans le monde en ce moment, à part Moo Deng. » Pas de doute, tout le monde est fan de Moo Deng, un bébé hippopotame pygmée (également connu sous le nom d'hippopotames nains). Chaque mouvement qu’elle fait est surveillé de près, chaque nouvelle photo prise d’elle est largement partagée et discutée sur les réseaux sociaux. Ses petites joues roses “so cute” font craquer autant qu'elles inspirent. Qu’elle soit aspergée d’eau, portée par des gardiens de zoo ou simplement allongée sur le sol, l'irrésistible Moo Deng a su se frayer un chemin dans le cœur et l'esprit de millions de personnes sur Internet jusqu'à en devenir la star des réseaux sociaux. 

Moo Deng, l'hippopotame nain qui affole les réseaux sociaux

Née le 10 juillet Moo Deng a été dévoilée au public le 25 juillet. Son nom, qui se traduit approximativement par « cochon rebondissant » ou « galette de porc », selon diverses interprétations, a été choisi suite à un vote sur les réseaux sociaux organisé par le zoo. La célébrité de celle qui est devenue la coqueluche des réseaux sociaux est telle que le zoo de Khao Kheow, en Thaïlande où elle est née, doit faire face à l'affût de milliers de visiteurs chaque jour qui se bousculent pour l’apercevoir. Depuis que Moo Deng est devenu viral, les visiteurs du zoo de Khao Kheow ont plus que doublé. Le « fan club » du bébé hippopotame pygmée se rue en masse pour l'observer, quitte à faire la queue pendant des heures.

Bien conscients du pouvoir de séduction de Moo Deng, les gardiens du zoo de partagent quotidiennement sur leur site Internet et leurs réseaux sociaux des photos, des vidéos et des mèmes du bébé hippopotame. Telle la série des Martine, la vie de Moo Deng fascine les internautes. Moo Deng mordant ses soigneurs, Moo Deng imitant sa mère... Si son gardien Atthapon Nundee a l’habitude de partager des photos et vidéos de ses petits protégés (il s'occupe également des paresseux, des capybaras et des binturongs) le buzz suscité par Moo Deng est une vraie surprise. « C'était au-delà de nos attentes », a déclaré Atthapon à Associated Press : « Je voulais que les gens la connaissent. Je voulais que beaucoup de gens lui rendent visite, la regardent en ligne ou laissent des commentaires amusants. » Une popularité qui a fait exploser le nombre de followers du zoo qui compte désormais plus de 100 K sur X, 371 K sur Facebook, 63 K sur Instagram et plus de 2 millions sur TikTok.

Moo Deng, un bébé hippopotame pygmée, une espèce en danger

Mais s'il est vrai qu’il est difficile de rester insensible au charme de ce bébé hippopotame, Moo Deng est bien plus spécial qu'on ne le pense. En effet, l'adorable hippopotame nain offre un rare aperçu d’une espèce en voie de disparition. En tant que hippopotame pygmée, Moo Deng appartient à la plus rare des deux espèces d'hippopotames existantes dans le monde. Le plus connu étant l'hippopotame commun (Hippopotamus amphibius). Mais si les deux espèces se distinguent essentiellement par leur taille (les hippopotames communs pouvant peser dix fois plus que les hippopotames pygmées), leur différence principale tient peut-être dans leur nombre. En effet, il existerait environ 115 000 à 130 000 hippopotames communs dans le monde. En revanche, il ne resterait qu’environ 2 à 3000 hippopotames pygmées sauvages. Originaires d’Afrique de l’Ouest, les hippopotames pygmées, menacés par le braconnage et la perte de leur habitat, sont classés comme « espèce en danger » par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Moo Deng, hippopotame et icône pop

Moo Deng, qui mange, dort ou dramatise presque toujours, est salué comme une « icône lifestyle ». L'improbable It Girl est devenue le sujet d'un fanart sans fin. Moo Deng, qui a même sa propre page Wikipédia, a fait ses débuts à la télévision internationale après qu'une équipe de All-Nippon News Network (chaîne de télévision japonaise) se soit rendue au zoo pour faire un reportage en direct de l'enclos de l'hippopotame superstar. Même l'ambassade royale de Thaïlande à Tokyo a chaleureusement accueilli Moo Deng sur ses réseaux sociaux.

Moo Deng est partout, des T-shirts bootleg aux réseaux sociaux des équipes de baseball la silhouette miniature et les proportions potelées du bébé hippopotame inspirent. X l'a même présentée sur son compte officiel.

Son image orne (entre autres) les mèmes de l'équipe de football allemande du FC Bayern, de l'équipe américaine de basket-ball des Phoenix Suns et de l'équipe de football américain des Washington Commanders ainsi que des Mets de New York.

Sephora Thaïlande, a également surfé sur la vague Moo Deng avec une campagne « Portez votre blush comme un bébé hippopotame ».

Un engouement sur lequel le zoo capitalise. Depuis sa naissance, 128 des 150 dernières publications du zoo sur les réseaux sociaux concernaient Moo Deng.

Moo Deng attire les foules pour le meilleur... et le pire

La protection des marques pourrait être le meilleur moyen pour les gardiens de Moo Deng de garantir que d'autres ne profitent pas de la renommée virale de Moo Deng. Ainsi, pour limiter les détournements, le directeur du zoo, Narongwit Chodchoi, a indiqué avoir déposé la marque « Moo Deng l'hippopotame ». Le zoo se lance depuis dans la vente de produits dérivés (combinaison, chemise et pantalon inspirés des hippopotames), pour « bénéficier d'une source de revenus afin de soutenir des activités qui amélioreront la vie des animaux ».

Mais l'engouement autour de Moo Deng suscite également des inquiétudes quant à sa sécurité. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, la jeune Moo Deng allongée au bord de son enclos s'est vu secouée par un jet d'eau déversé par un visiteur. Pour attirer l'attention du bébé hippopotame pygmée, certains visiteurs auraient également jeté sur elle des bananes et des crustacés. Des comportements qui n'ont pas manqué de faire réagir les internautes outrés qui appelle le zoo à déployer des mesures de sécurité pour protéger le bébé hippopotame.

Narongwit Chodchoi, a quant à lui exhorté les visiteurs à s'abstenir de jeter des objets sur Moo Deng, ajoutant que le zoo avait installé des caméras de surveillance dans la zone et envisagerait des poursuites judiciaires pour les contrevenants qui s'aviseraient de perturber la tranquillité de la jeune hippopotame pygmée (et des animaux du zoo). « Nous devons protéger ces animaux et garantir qu’ils disposent d’un environnement sûr et confortable. » a-t-il déclaré. Pour les fans qui ne peuvent pas faire le voyage ou qui sont découragés après avoir vu la foule pour Moo Deng, le zoo ouvert de Khao Kheow prévoit de démarrer une diffusion en direct 24 heures sur 24 du bébé hippopotame.

Surfer sur la viralité de Moo Deng pour sensibiliser à la conservation des hippopotame

Mais si les animaux et Internet entretiennent depuis longtemps une grande histoire d’amour, scientifiques et associations de défense des animaux, espèrent que le succès de Moo Deng permettra de sensibiliser à la cause de cette espèce en voie de disparition à l'état sauvage. « Aucune presse n’est mauvaise presse » a déclaré Rebecca Lewison, écologiste en conservation à l'université d'État de San Diego qui étudie les hippopotames. Interviewée par le média Slate, elle ajoute : « Les gens ne comprennent pas que les hippopotames — et je pense que les deux espèces, mais évidemment les hippopotames pygmées — sont en voie de disparition. C'est une espèce qui mérite vraiment qu'on s'y intéresse. Mais même pour les hippopotames communs, leur état de conservation n’est pas assuré. Leurs populations diminuent, leurs aires de répartition diminuent (déforestation, agriculture...) et leur accès à l'eau diminue. Nous avons besoin que les gens reconnaissent qu’il existe d’autres espèces auxquelles nous devrions prêter attention et nous préoccuper, et les hippopotames pygmées font certainement partie de ces espèces. »

‍