Maven : un réseau social sans likes ni followers

Que seraient les réseaux sociaux sans Likes ni Followers ? C'est le modèle proposé par Maven qui se présente comme le réseau social de la Sérendipité, entendez un réseau social axé sur « le hasard ».

Ce n’est un secret pour personne, les réseaux sociaux regorgent de contenus anxiogènes et négatifs. Rien de surprenant puisque leur fonctionnement, basé sur l'économie de l'attention et la culture du clash, à mille lieux de la pensée complexe, l'encourage. Mais un nouveau réseau social, soutenu par certains des plus grands noms de la Silicon Valley, espère changer la donne. "Découvrez un réseau de hasard construit sur des idées partagées, et non sur des abonnés ou des influenceurs. Participez à des discussions animées, découvrez de nouvelles passions et connectez-vous avec d'autres passionnés sans la pression du nombre de followers. Vivez une révolution des réseaux sociaux qui célèbre et donne la priorité aux divers intérêts et perspectives de ses utilisateurs. Maven : là où des connexions fortuites se développent, où les intérêts façonnent votre réseau et où les connexions sont vraiment significatives." En clair : libérez vous des entraves de la course à l'audience.

Avec le réseau social Maven : amplifier les idées, pas la popularité

Kenneth Stanley (chercheur d’OpenAI et PDG de Maven) et ses co-fondateurs – Blas Moros et Jimmy Secretan – ont lancé Maven fin janvier 2024. La plateforme abandonne les Likes, le nombre de followers et les algorithmes au profit d'une exploration de nouvelles idées de façon fluide et originale. Comment ? Grâce à un algorithme d’intelligence artificielle (IA) dit "ouvert" conçu pour favoriser la sérendipité. Au cœur du réacteur de Maven, donc, un algorithme qui cherche à connecter chaque utilisateur avec des publications susceptibles de l’intéresser et de l’enrichir.

Un pari risqué quand on sait qu'à l'inverse, ceux des réseaux sociaux les plus populaires – Facebook, Instagram, Twitter/X – priorisent la recherche de likes et sont optimisés pour maximiser l’engagement et les revenus publicitaires. Quitte à prioriser la visibilité de contenus sensationnalistes, voire racoleurs, favorisant ainsi la culture du clash. Selon Stanley, la notion de "sérendipité" s’oppose diamétralement à celle d’objectifs. Ainsi, plutôt que de courir après des followers, des Likes et autres indices de popularité, Maven propose de se laisser surprendre par l’inattendu. "Notre concept est simple mais puissant : des intérêts, pas des influenceurs. Maven repose sur la conviction que les relations entre les gens devraient tourner autour de leurs véritables passions et idées plutôt que du nombre de followers." Entendez : délaissez la course à l'audience et privilégiez de véritables connexions.

Comment fonctionne le réseau social Maven ?

Lors de leur inscription, les utilisateurs sélectionnent une série de sujets à suivre, des neurosciences à la parentalité. L'algorithme leur push ensuite les publications qui correspondent à leurs intérêts. Il n'y a pas de likes, de votes positifs, de retweets ou de suivis et encore moins de moyen d'amplifier le contenu auprès du grand public. Lorsque les utilisateurs publient sur un sujet, l'IA de la plateforme l'analyse, le marque et diffuse ce contenu non pas aux abonnés de la personne (rappelez-vous : ils n'en ont pas), mais à une communauté d'utilisateurs qui ont également manifesté leur intérêt pour ce sujet. À partir de là, les utilisateurs peuvent engager un dialogue sans se soucier de savoir si leurs publications seront appréciées. De plus, Maven utilise un filtre de "découverte de contenu" qui permet aux utilisateurs de décider s'ils souhaitent voir du contenu uniquement axé sur leurs sujets de prédilection ou s'ils sont ouverts à des sujets connexes. Ainsi, si, par exemple, vous suivez des conversations sur l'urbanisme, Maven peut également vous suggérer des conversations sur les transports en commun.

Les utilisateurs peuvent également désactiver les sujets qui ne les intéressent pas et signaler les publications d'autres utilisateurs s'ils les trouvent abusives. Stanley assure que l' IA surveille activement les contenus hautement incendiaires, offensants "ou pire". Si le PDG de Maven se veut réaliste et sait que sa plateforme ne pourra pas "remédier à la méchanceté de la nature humaine", en éliminant les incitations au partage de tels contenus, il espère changer la "dynamique globale de la façon dont les gens se comportent."

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La philosophie du réseau social Maven

Les qualités addictives des médias sociaux, les effets néfastes sur la santé mentale des adolescents et des adultes et leur capacité à polariser les nations sont bien documentés. Selon Stanley, ce sont les conséquences involontaires du fait que la popularité est un indicateur de qualité. À bien des égards, Maven apparaît comme un antidote aux médias sociaux d'aujourd'hui, où le "paradoxe objectif est pleinement visible", où un grand nombre d'utilisateurs sont pris dans une course effrénée à l'audience pour attirer l'attention et gagner en popularité. Mais à quel prix ?

Maven sera t-il capable d'élargir sa base d'utilisateurs sans les qualités toxiques que nous aimons détester, mais qui nous ramènent néanmoins dans le cloaque que sont les réseaux sociaux ? La question reste ouverte. En effet, l'espoir idéaliste de Maven de connecter les gens à des idées intéressantes n'est pas sans rappeler le début des années 2000, lorsqu'Internet était un lieu de connexion et d'exploration. À ce jour, les sentiments des premiers utilisateurs de la plateforme sont pour la plupart positifs et optimistes. Beaucoup y sont venus à la recherche d'interactions authentiques et fortuites et pour l'absence promise de toxicité. Mais l’idéalisme suffira-t-il à attirer davantage d’investisseurs lorsque Maven voudra se développer ? Stanley est confiant : "J'ai juste besoin de trouver les bons investisseurs pour aller de l'avant et parvenir rapidement à un modèle économique durable". L'entrepreneur réfléchit notamment à un modèle d'abonnement qui permettrait à Maven de garder son idéologie intacte. Il existe bien sûr d’autres moyens pour Maven de générer des revenus. La publicité en est une. Option qui séduit moins Stanley en raison de son lien avec la viralité et le sensationnalisme.

Pour l’aider à concrétiser sa vision, l’entreprise bénéficie du soutien de personnes influentes. Le réseau social a déjà levé 2 millions de dollars en 2023 auprès de grands noms de la Sillicon Valley. Parmi eux, le cofondateur de Twitter Evan Williams ou encore Sam Altman, PDG d'OpenAI. Selon Stanley, tous partagent le même projet et souhaitent s’éloigner des modèles actuels : "Les chambres d’écho, la toxicité, l’amplification du narcissisme et le personal branding sont devenus hors de contrôle, au point que les gens perdent leur âme et se transforment en marques." Bien qu'il faudra à Maven lever des fonds supplémentaires au cours des prochains mois pour perdurer et espérer rivaliser avec les mastodontes en place, le soutien de ces poids lourds de la Silicon Valley devrait s'avérer précieux.

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